mercredi, février 09, 2005

Demain, je prend le metro.

J'ai l'habitude de rentrer à pied une partie du chemin le soir.
Je descend la rue des Pierres Plantées pour déboucher sur l'esplanade qui donne à voir l'ensemble de la ville illuminée. C'est devenu, un rituel, ma baffe visuelle du jour, celle qui me coupe le souffle à chaque fois.
Quelques instants pour reprendre mes esprits, et je dévale les interminables escaliers des pentes. Le nez en l'air, j'observe les gens, les grilles graffées les vitrines des galeries, les vieux batiments canuts. Je connais le coin par coeur et pourtant je trouve toujours quelque chose de nouveau pour m'accrocher les yeux, me décrocher le sourire.
J'enchaine avec la place des terreaux, rapide coup d'oeil aux colonnes de Buren, bof, c'est tristoune quand même, limite auschwitzien dans les rayures. Je glisse les yeux sur la fontaine de Bartholdi, l'impression de finir un jour par les voir débouler dans les rues ces chevaux aux yeux fous. Regard bien-veillant sur le palais Saint-Pierre, douceur des déjeuners dans le jardin du cloître, juste entourée d'oiseaux.
Ensuite, le but est de dénicher une petite rue inexplorée, et de tenter de rejoindre la gare dans un dédale compliqué à souhait. Ne pas savoir où je vais, me sentir perdue et ouvrir tout grand les yeux sur tout ce que je découvre.

En général, tout se passe bien et j'arrive à la gare essoufflée, mais le sourire aux lèvres.

Et puis parfois, ça se passe moins bien.

A l'exemple de ce soir.

Me faire emmerder il y a quelques jours aurait dû me calmer un peu, et puis non, c'est instinctif.
Je les ai vu de loin, tous les trois sur le trottoir de cette petite ruelle. Ils marchaient un peu en avant. Je me suis fais toute petite en me sermonnant sur cet accès paranoïaque.
Ils ont croisé un homme, l' ont accosté et se sont légèrement quereller. Pas courageuse, j'ai ralenti un peu.
Ils ont continué à avancer, j'ai espèré très fort voir la gare toute proche. L'un d'eux s'est retourné. Bon, il m'ont vu, mais c'est pas pour ça qu'ils vont libérer leurs instincts de dangereux psychopathes.
Quelques mètres, il se retourne encore. Si je prend un air très dégagé, et que je fais comme si je les avais pas vu, ça devrait bien se passer.
Quelques mètres encore, nouveau coup d'oeil en arrière. C'est sûr, je vais y avoir droit.
La gare est enfin en vue, mon coeur au bord des lèvres, pour les miracles, c'est quoi le numéro?
Ils prennent l'escalator, il me reste encore tout le hall et la passerelle à traverser pour être tranquilisée. J'attend encore un peu, prend l'escalator à mon tour.
Nouveau volte-face, beaucoup plus insistant. Je me perd dans la contemplation de mes pieds (les chaussures beige c'est vachement salissant quand même).
Arrivés en haut, ils s'arrêtent, et attendent. Bah voila, on prend pas les même et on recommence.
Je suis à leur niveau, pile en face de celui aux multiples volte-face. D'un air profondément détaché, je tente de passer à côté de lui sans avoir l'air de faire attention à lui.
Il me prend le bras, me tire vers lui et avec un grand sourire se met à beugler "Weshhhhhhhhhhh Chfaik!!! bah alors kess'tu'd'viens?"

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